Le fumier des Écuries d’Augias représente les « retombées » des premières expériences spirituelles dont le chercheur doitt se libérer.
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Comme cinquième travail, Eurysthée commanda à Héraclès le nettoyage des écuries d’Augias. Car le roi d’Élide, Augias, possédait de nombreux troupeaux et le fumier s’était accumulé. Héraclès, sans révéler au roi qu’il agissait sur ordre d’Eurysthée, négocia le travail en échange d’un salaire. Augias accepta car il pensait le travail impossible à réaliser dans les délais impartis.
Apollodore ajoute plusieurs détails : le salaire consistait en un dixième des troupeaux ; le héros devait effectuer le nettoyage en un seul jour et sans aide, ce qu’il fit en ouvrant une brèche dans le soubassement de l’enclos et en détournant le cours des fleuves Alphée et Penée qui entraînèrent alors tout le fumier.
Augias, ayant appris qu’Héraclès devait faire le travail en tout état de cause puisqu’il lui avait été commandé par Eurysthée, refusa le salaire convenu, niant même le lui avoir jamais promis. Il accepta toutefois un arbitrage. Devant les juges, son propre fils Phyleus témoigna en faveur du héros. Furieux, Augias le bannit ainsi qu’Héraclès du royaume d’Élide.
Le héros se rendit alors à Olénos chez Déxamenos qui était sur le point de marier de force sa fille Mnésimaché au Centaure Eurytion, et tua ce dernier.
Eurysthée refusa de comptabiliser cette épreuve, alléguant que le héros l’avait accompli dans le but d’obtenir un salaire.
Après les travaux, Héraclès revint à la tête d’une armée pour se venger du roi Augias. (voir plus loin les « revanches » du héros)
Les premières sources concernant ce travail sont relativement tardives et son appartenance au canon primitif des travaux est souvent mise en cause.
Avec ce travail, nous quittons l’Arcadie pour l’Élide, province à laquelle appartient le sanctuaire d’Olympie et où doit se réaliser l’union définitive par la libération (Élide, Λ). Il s’agit donc des conséquences d’expériences partielles d’union avec le Réel.
Plusieurs filiations sont données pour le roi Augias dont le nom signifie « lumière éclatante ». Celle qui est habituellement retenue en fait un fils d’Hélios « le Soleil », et il serait alors le symbole d’expériences issues du plan supramental.
Cette filiation ne figure cependant ni chez Homère, ni chez Hésiode.
D’autres sources lui donnent pour parents l’un des Phorbas homonymes « celui qui porte l’incarnation » ou encore Poséidon uni à Eurycyde « grande renommée », fille d’Endymion « la conscience consacrée et silencieuse » : les fameuses « expériences lumineuses » seraient alors issues du subconscient.
Le fumier des troupeaux d’Augias qui s’accumule dans les enclos représente donc les scories, dues à l’ego, des « expériences lumineuses ». Ces dernières peuvent être de toutes sortes comme nous l’avons exposé dans l’introduction : illumination, contact avec le Soi, avec le Divin cosmique, irruptions de lumières issues du surmental, etc.
Si le chercheur consent à se purifier, il veut cependant tirer un certain bénéfice de ses expériences, et c’est pourquoi Héraclès négocie le travail contre un salaire constitué selon certains par le dixième des troupeaux. Ce qui implique que le chercheur n’est pas encore parvenu au complet détachement. La volonté même subconsciente de vouloir obtenir des « avantages » du chemin spirituel perdure très longtemps sous la forme de « tractations » avec le Divin. Si l’âme fait mine d’acquiescer au départ pour ne pas imposer une exigence trop lourde de transformation, elle ne peut bien évidemment pas s’acquitter du « salaire convenu ».
Pour procéder à ce nettoyage, Héraclès utilise les eaux purificatrices de l’Alphée « la blancheur » et du Penée « l’évolution vers l’égalité » dans un lâcher-prise et une ouverture (il réalise une brèche dans l’enclos).
Il est assez probable que les Anciens aient été divisés sur l’opportunité d’inclure cette épreuve parmi les douze travaux. S’il est facile d’accepter la nécessité de la purification des conséquences égotistes des « expériences », ce ne semble pas pouvoir faire l’objet d’un travail conscient. En effet, il paraît presque impossible de déterminer ce qui constitue ces « scories » car elles œuvrent dans les « angles morts » de la conscience.
Parmi elles figurent sans doute les retombées de la première grande expérience spirituelle telle qu’elle est racontée dans la quête de la Toison d’Or, retombées que le chercheur doit évacuer afin d’éviter l’épreuve du labyrinthe.
Durant le temps de cette purification que le chercheur sait incontournable, il s’imagine pouvoir recueillir le fruit d’une partie de ses expériences sans s’avouer qu’il doit y renoncer (car Eurysthée lui a commandé le travail).
Lorsqu’il réalise qu’il ne pourra en tirer aucun profit, il est obligé de faire passer l’ensemble au crible de sa conscience (le jugement). Mais sans même attendre le verdict, le chercheur doit quitter la province de « la libération » afin d’approfondir sa purification.
S’il ne peut jouir des « résultats » de ses premières expériences, le héros peut conserver tout de même quelque chose de l’ordre de cette lumière, car le fils d’Augias apporte son support au héros et quitte l’Élide avec lui (son nom Phyleus « tribu » pourrait signifier « quelque chose de la même espèce »).
En annexe à ce travail, Apollodore ajoute quelques indications pour éviter de créer de nouvelles scories. Lorsque le nettoyage est terminé, alors qu’il poursuit le processus de libération (à Olénos « Λ+Ν, l’évolution de la libération ») et qu’il est parvenu à un état avancé de réceptivité (chez Déxamenos « une âme réceptive »), le chercheur « qui reprend le combat » (Mnésimaché) doit absolument prendre conscience qu’il ne doit surtout pas travailler selon les modalités du Centaure Eurytion « un esprit supérieur non totalement purifié (dans le vital) ».