Ixion et la Guerre des Lapithes contre les Centaures symbolisent respectivement l’orgueil spirituel et une purification approfondie du vital.
La guerre des Lapithes contre les Centaures – Musée du Louvre
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La sincérité est une chose progressive. Pour être parfaitement sincère, il est indispensable de n’avoir aucune préférence, aucun désir, aucune attraction, aucun dégoût, aucune sympathie ni aucune antipathie, aucun attachement, aucune répulsion.
Tant que cela n’est pas réalisé, on ne peut voir les choses dans leur réalité.
Mère
Les Lapithes résidaient au nord de la Thessalie, région des chercheurs « ordinaires » les plus avancés comme le confirme l’étude des héros Ixion et Pirithoos, l’ami de Thésée cité dès Homère comme un Lapithe.
Certains disent que ce peuple chassa celui des Pélasges, premiers occupants du Péloponnèse, signifiant par là une émergence hors de l’ignorance commune et l’entrée sur le chemin. On trouve encore des contingents de Lapithes durant la guerre de Troie. Leur présence se maintient donc longtemps dans les mythes, ce qui explique sans doute pourquoi les Anciens n’ont pas établi clairement leur généalogie qui comprend plus de soixante-dix personnages d’ascendance souvent imprécise.
Nous avons déjà rencontré l’une des familles Lapithe lors de l’étude de Coronis, la mère d’Asclépios. C’est ici à la branche d’Antion et de son fils Ixion que nous nous intéresserons.
L’historien Diodore de Sicile relie ces personnages au Titan Océanos par l’un de ses fils, le dieu-fleuve Penée, le courant d’évolution de la conscience qui entraîne vers la maîtrise. Il suit en cela le poète Pindare qui mentionne Hypsée « celui qui est élevé, en haut », fils du Penée, comme un roi Lapithe. C’est la filiation que nous avons indiquée sur les planches généalogiques et que nous allons détailler ci-dessous.
L’erreur que représente Ixion – l’orgueil spirituel et le manque de gratitude envers le Divin – concerne des chercheurs qui ont eu des expériences et des réalisations avancées car il est l’un des rares héros à partager la table des dieux, à se nourrir du nectar d’immortalité et même à être transporté par Zeus jusqu’au plus haut de l’Esprit (Ouranos). Quelle que soit l’origine de cette erreur, c’est bien dans cette voie de la purification-libération (Océanos) qu’elle doit être impérativement redressée, s’agissant d’une déviance majeure du yoga.
Ixion
Selon la généalogie de Diodore, Ixion est situé dans la branche du fleuve Penée, fils d’Océanos (celle de la libération totale selon la nature). Selon Homère, c’est un fleuve aux « tourbillons d’argent », symboles de mouvements de conscience relativement purs. Avec les lettres structurantes, le Penée représente « l’évolution du juste équilibre, de l’égalité (Π+Ν) ». Il est uni à Creuse « la chair » en signe d’une voie d’incarnation, tournée vers le réel.
La progression du travail de conscience dans l’incarnation produit une ouverture psychique : ses deux filles Daphné et Stilbé seront aimées d’Apollon, ainsi que sa petite-fille Cyrène, fille d’Hypsée.
Nous avons déjà rencontré Hypsée « celui qui est élevé » et Cyrène « l’autorité souveraine » dans l’étude d’Autonoé concernant la déviance du chercheur « trop parfait ». Cyrène donna en effet au dieu Apollon un fils, Aristée « celui qui tient le premier rang » qui s’unit à Autonoé.
Daphné « le laurier » n’est mentionnée dans la descendance du Penée que par Ovide. Elle appartenait initialement à la lignée royale de Sparte dans la descendance de Taygète, la sixième Pléiade correspondant au stade du mental intuitif qui précède le surmental. Elle figurait donc dans la voie de l’ascension des plans de conscience.
Daphné était une des suivantes d’Artémis. Leucippos « une énergie vitale purifiée » la poursuivait de ses assiduités et se déguisa en fille pour s’en approcher. Mais Apollon, également amoureux d’elle, lui inspira le désir de se baigner. Leucippos, pour ne pas être découvert, refusa de la suivre au bain. Il fut alors mis en pièces par les suivantes de la déesse.
Dans l’Hymne à Apollon, le dieu lutta avec Leucippos pour l’amour de sa femme (que l’on suppose être Daphné). Un historien du IIe siècle avant J.-C. précise qu’elle supplia Zeus de la changer en laurier afin d’échapper à Apollon. Zeus ayant satisfait à sa demande, Apollon refusa désormais de se séparer de cette plante. C’est cette dernière version que reprit Ovide.
Daphné, dans sa filiation initiale, représente donc la « pureté » à laquelle aspire le chercheur dans la voie de l’ascension. Celui-ci est en proie à une lutte intérieure entre la purification vitale recherchée par le mental (Leucippos) et celle que doit lui apporter la lumière psychique (Apollon). Mais il n’est pas encore prêt à reconnaître la nécessité de soumission intégrale au psychique.
Avec les lettres structurantes, le nom Daphné signifie « l’évolution de la pénétration de la conscience supérieure dans l’être pour réaliser l’union ». La couronne tressée de lauriers destinée aux vainqueurs des jeux Pythiques est le signe d’une victoire sur la voie de la psychisation de l’être. Ces jeux étaient célébrés pour commémorer la victoire d’Apollon sur Python, de la lumière psychique sur le processus de décomposition. Dès lors, l’être psychique pourra toujours être contacté par le chercheur qui devra lui abandonner progressivement la direction de l’être.
La seconde fille du Penée est Stilbé « celle qui resplendit ». Elle s’unit à Apollon et lui donna deux enfants, Centauros et Lapithès qui donna son nom au peuple des Lapithes.
Le nom Lapithe signifie « vantard, fanfaron ». Il porte en germe l’orgueil spirituel, également annoncé par le nom de son frère Centauros.
Lapithès eut plusieurs enfants qui sont tous à l’origine d’importantes déviances spirituelles :
Périphas dont le fils Antion fut le père d’Ixion. (Une autre généalogie d’Ixion lui donne pour grand-père un Triopas homonyme fils de Canacé et de Périphas « qui brille tout autour ».)
Phorbas qui selon certains serait l’ancêtre des Molionides, les géants Eurytos et Ctéatos qu’Héraclès affrontera après les travaux.
Triopas qui, par sa fille Iphimédie unie à Aloéus, fut le grand père des Aloades, Otos et Ephialtès, symboles de chercheurs qui partent à l’ascension de l’esprit par la force personnelle et « l’empilement » de réalisations.
Ixion naquit de l’union d’Antion et de Périmélé, fille d’Amythaon. Comme il projetait d’épouser Dia, la fille du roi Éionée (lui-même fils de Magnes et petit-fils d’Éole), il avait promis de donner un grand nombre de cadeaux à son futur beau-père. Lorsque la noce fut terminée, celui-ci vint chercher les présents promis. Mais Ixion lui tendit un piège : il mourut brulé vif dans une fosse dissimulée, remplie de charbons ardents.
Ixion se rendit ainsi coupable non seulement de parjure, mais d’un acte affreux assimilable à un crime contre un membre de sa parenté par le sang. Certains affirment que personne avant lui n’avait osé commettre pareil meurtre.
Nul parmi les dieux et les hommes ne voulut le purifier.
Zeus prit finalement pitié de lui et le purifia. Pindare ajoute même qu’il fut « admis par la bonté des fils de Cronos à couler auprès d’eux des jours délicieux ». Mais Ixion « se montra d’une ingratitude extrême, et ne pouvant longtemps soutenir l’excès de son bonheur, il conçut dans son aveugle délire une furieuse passion pour Héra, que la couche du grand Zeus est seule digne de recevoir ».
Héra s’en plaignit auprès de son époux. Celui-ci façonna donc une nuée à l’image de sa femme et c’est à ce fantôme qu’Ixion s’unit. (Selon certains, Zeus voulait ainsi vérifier si Ixion irait jusqu’au bout de sa prétention.)
De cette union naquit un fils, Centauros. Et c’est lui qui, s’unissant à des juments sauvages de Magnésie, devint le père des Centaures.
Pour punir Ixion de sa traîtrise, Zeus l’attacha à une roue ailée qu’il lança à travers les airs (selon des scholies tardives, c’était une roue enflammée qui fut envoyée dans le Tartare). Ses membres y sont à jamais serrés par d’invincibles nœuds. Et comme Ixion avait bu du nectar d’immortalité, il tournoya éternellement dans le ciel sur sa roue ailée, répétant aux mortels : « Le bienfaiteur, rendez-lui ses affables procédés, remerciez-le » et « Mortels, apprenez ainsi à ne jamais former des vœux au-dessus de votre faible nature ».
Par ses parents, Ixion représente à la fois « ce qui veut égaler » (ici, le plus haut de l’esprit, les dieux) et une quête de connaissance issue de la réalisation d’un certain silence mental (c’est un fils d’Antion et de Périmélé, la fille de l’éolien Amythaon). Même si l’on écarte la filiation donnée par Diodore, il marque une étape très avancée de la quête sur la voie de l’ascension car, « il coulait auprès des dieux des jours délicieux ». Il représente donc un chercheur qui a réalisé une certaine non-dualité en l’esprit, par une proximité du surmental.
Sa première faute, alors qu’il cherche « l’union totale en conscience » (il veut épouser Dia) est de refuser d’honorer comme il se doit « l’évolution de la conscience » dont cette union est la conséquence juste, car il se pense parvenu au sommet de l’évolution (il refuse les présents promis à Éionée « l’évolution de la conscience vers l’Homme », le père de Dia). Il provoque même volontairement l’arrêt de cette évolution par une insincérité intérieure (par ruse, il tue Éionée).
Ce refus d’évolution ne s’était jamais produit auparavant sur le chemin (nul avant lui n’avait osé commettre un tel crime). Autrement dit, le chercheur est parvenu à un état d’union qui lui ôte toute volonté de s’impliquer dans l’incarnation.
C’est un état qui peut caractériser les chercheurs parvenus au Soi, à l’union en l’esprit, mais qui n’ont pas purifié totalement leur nature extérieure ni ne cherchent à le faire (Cf. Les expériences sur la voie du Soi dans l’introduction du Tome 2).
Hormis la plus haute instance de la conscience, aucune puissance du surmental ni d’aucun plan du mental n’est à même de cautionner une telle attitude sur le chemin (personne ne veut purifier Ixion parmi les dieux et les hommes, à l’exception de Zeus, représentant le supraconscient). Mais la grâce divine donne toujours une occasion de se racheter car c’est par essai et erreur que l’humanité progresse. Et même elle permet un accès à des niveaux supérieurs (Zeus l’invite à partager la vie de l’Olympe). Selon certains, Zeus le fit même monter jusqu’au ciel Ouranos. La Grâce divine, non seulement efface l’erreur, mais permet même d’atteindre des plans situés très au-dessus de celui des dieux, jusqu’au suprême Absolu, Sat-Chit-Ananda.
Ixion partageant la vie des dieux fait alors partie des « immortels » : c’est un chercheur parvenu au stade de la non-dualité en esprit, qui peut en conséquence absorber les aliments correspondants, le nectar et l’ambroisie.
Avec les lettres structurantes (Ι Ξ), son nom indique un chercheur qui a pris conscience de l’identité esprit-matière, selon la Table d’Émeraude d’Hermès Trismégiste « Ce qui est en bas est comme ce qui est en haut et ce qui est en haut est comme ce qui est en bas, afin d’accomplir les miracles de la Chose Une ».
C’est à ce stade que peut se produire une grave déviance. Le chercheur se croit parvenu à un niveau où il peut s’identifier de façon permanente avec le mouvement divin du plan surmental, avec la Vérité issue du supramental incarnée dans les dieux : il tombe dans « l’orgueil spirituel » (Ixion prétendit s’unir à Héra).
Le supraconscient toutefois ne conteste pas ses certitudes et même lui offre l’occasion de s’imaginer quelque temps qu’il est parvenu là où il prétend être (Zeus façonna une image d’Héra à laquelle Ixion s’unit sans pressentir le piège). L’union qu’Ixion réalise est alors pure illusion, mais elle aura de réelles répercussions sur le yoga, figurées par les Centaures. En effet, de l’union d’Ixion et de la nuée d’Héra naquit Centauros, le père des Centaures, qui selon Pindare , était un « monstre également étranger aux formes humaines et aux attributs de la divinité » et « n’eut de part d’honneur, ni chez les hommes, ni dans le monde des dieux ».
Centauros pourrait signifier « la fougue réalisatrice et créatrice qui aiguillonne ». Le chercheur dirige alors cette énergie de réalisation vers une aspiration d’origine purement vitale sans aucune maîtrise (Centauros s’unit à des juments sauvages de Magnésie, la magnétite étant symbole de l’aspiration). Cette union contre nature – au sens du yoga – génère des monstres hybrides, les Centaures, symbole d’une humanité n’ayant d’humain que le mental car leur nature vitale est non maîtrisée, et même parfois libérée de toute contrainte.
Rappelons en effet que les Centaures sont représentés dans la tradition primitive par un homme avec le ventre et le train arrière d’un cheval. Ce sont donc des chercheurs qui sont « propulsés » par une très forte énergie vitale. Pour Pindare, ils sont semblables « à leur mère pour le bas, pour le haut à leur père », description qui a sans doute conduit à leur représentation la plus commune dans laquelle les jambes avant sont aussi celles d’un cheval.
Ainsi, même des réalisations extrêmement avancées dans l’ascension des plans de conscience n’évitent pas le risque de graves chutes spirituelles si la nature inférieure n’a pas été suffisamment purifiée et consacrée, et si le chercheur n’a pas reconnu la nécessité de « rendre grâce » (les cadeaux refusés). Selon Mère, de toutes les vertus spirituelles, la gratitude est toujours la grande absente chez les chercheurs.
Le supraconscient qui s’occupe de l’évolution de l’âme punit cet orgueil spirituel en laissant indéfiniment cette « réalisation » tournoyer sur elle-même dans les cieux de l’esprit. (Zeus envoie Ixion tournoyer éternellement dans le ciel attaché à une roue ailée). On retrouve ainsi dans les hauteurs de l’esprit les mêmes processus d’enroulement fondamentaux qu’à la base de la matière vivante. Il devient donc très difficile pour le chercheur de se dégager d’une telle erreur.
Si les Centaures représentent une réalisation spirituelle de chercheurs avancés qui n’ont pas purifié complètement leur nature extérieure, ni même ne cherchent à le faire, les Lapithes en revanche, bien que leur nom indique une certaine volonté de se faire valoir, semblent décidés à cette purification. Ils affronteront en effet les Centaures au cours d’une guerre célèbre.
L’éradication de cette déviance sera l’un des combats les plus rudes que le chercheur devra mener. Homère fait dire à l’un de ses héros que jamais il ne vit combattants aussi vaillants que ces Lapithes qui affrontèrent « les bêtes sauvages des hauteurs ». (Homère ne mentionne jamais leur nature semi équine.)
Certains Lapithes représentent donc des chercheurs très évolués dans l’ascension des plans de conscience, conscients de la puissance de leur réalisation, mais qui se heurtent à des oppositions fondamentales en eux-mêmes, à la racine du vital, du fait d’un manque de purification. Ainsi certains auteurs donnent-ils aux Molionides (Eurytos et Ctéatos, les fils d’Actor, qu’Héraclès devra combattre après les travaux) et aux Aloades (Otos et Éphialtès qui voulurent monter à l’assaut du ciel) des ascendances Lapithes. Dans les deux cas, ces puissances dévoyées ont pour père divin Poséidon, le subconscient, ce qui laisserait entendre que la chute correspondante n’est pas absolument inévitable, le chercheur étant capable de reconnaître en lui-même la partie non purifiée.
Nombre d’éléments laissent entendre que les batailles intérieures correspondantes sont difficiles et longues.
Pirithoos et la guerre des Lapithes contre les Centaures
Selon Homère, Pirithoos est né de Zeus et de l’épouse d’Ixion qu’il ne nomme pas mais que d’autres auteurs appellent Dia. Ce héros est alors le symbole d’une impulsion du supraconscient pour initier un travail en vue de « l’union totale en conscience ». Aussi Homère dit « qu’il est comparable aux dieux pour le conseil ».
Pirithoos est « celui qui s’efforce vivement » (peut-être aussi « celui qui expérimente rapidement »). Il n’intervient dans la vie de Thésée qu’après la victoire de ce dernier sur le Minotaure, car tant que les erreurs qui jalonnent les débuts du chemin n’ont pas été dépassées, le chercheur ne peut prétendre à un effort soutenu ni à une progression rapide.
Seul Plutarque mentionne l’origine de l’amitié de Pirithoos et de Thésée. Ayant entendu parler des exploits de ce dernier, Pirithoos voulut le mettre à l’épreuve, mais leur rencontre se transforma en une amitié indéfectible. Cette intervention de Pirithoos dans la vie de Thésée indique qu’un test est alors réalisé dans la vie du chercheur après la sortie de la zone intermédiaire (Thésée ayant éradiqué le Minotaure) dans l’optique de vérifier sa capacité de résistance à une pression nouvelle.
Les sources initiales ne semblent pas préciser que l’origine de la guerre fut le mariage de Pirithoos avec Hippodamie « la maîtrise du vital ».
Dans l’Odyssée, seul le Centaure Eurytion s’enivra dans la demeure de Pirithoos. Il commit alors des crimes, provoquant une réaction des Lapithes qui lui coupèrent le nez et les oreilles, et une guerre s’ensuivit.
Selon Ovide qui fait une longue description du combat, les Centaures s’enivrèrent et molestèrent les invités de sexe féminin, tentant même de les ravir. Leur conduite outrageuse provoqua une rixe dans laquelle Pirithoos, ses amis Lapithes et Thésée en tuèrent un grand nombre. Les Centaures survivants rassemblèrent alors toutes les forces dont ils disposaient et s’engagèrent dans une guerre totale. Mais ils furent chassés de Thessalie par les Lapithes et se réfugièrent en Arcadie où Héraclès combattit les derniers d’entre eux.
Le chercheur qui avance par « l’effort » et « expérimente rapidement » pense pouvoir mener une ascèse afin d’obtenir une parfaite maîtrise vitale (Pirithoos épouse Hippodamie « celle qui dompte le vital »).
Mais son être vital ne l’entend pas de cette façon. Il se révèle sous son véritable jour, dénaturant et détournant les buts du yoga à son profit (les Centaures molestent et tentent de ravir les femmes).
Dans la vie du chercheur, cet épisode fait référence à tout « relâchement » qui brise la barrière des apparences et met au jour le vrai niveau de réalisation dans le domaine de la nature extérieure (la nature vitale indomptée se révèle lorsque les Centaures s’enivrent).
Le Centaure nommé par Homère est Eurytion qui pourrait signifier « une vaste conscience supérieure (mentale) », c’est-à-dire l’expression d’une réalisation spirituelle sans purification de la nature inférieure.
On trouve des listes de Centaures chez les auteurs tardifs tels Ovide, Diodore et Hygin, mais ils ne donnent guère plus d’indications. Citons par exemple Agrios « violent », Hylaeos « sauvage », Rhoekos « courbe (faussé) » et aussi « mou », Mélanchaétes « chevelure noire » (qui ne reçoit rien d’en haut) et Thérée « bête sauvage ».
Le chercheur est alors confronté à sa réalisation incomplète et doit livrer une guerre « totale ».
Dans l’Iliade, Nestor « la rectitude » ou « la sincérité » affirme que les Lapithes qui combattirent les « bêtes sauvages de la montagne » furent les plus puissants guerriers qu’il ait jamais rencontrés, comparables aux dieux immortels. Parmi eux, on trouve, outre Pirithoos et Thésée, des héros tels Éxadios « l’énergie tournée vers l’union » ou « qui vient du divin », le devin Mopsos « un état de réceptivité », Polyphème rival des dieux « qui rend perceptible beaucoup de choses » ou encore Caenée « celui qui se tourne vers le nouveau ».
Cette « guerre totale » intervient donc avant le grand renversement du yoga (puisque Nestor la mentionne au début de la guerre de Troie) et concerne la purification du vital profond.
D’une part pour faire la liaison avec le travail de purification-libération, et d’autre part pour indiquer que la purification totale ne sera effective que beaucoup plus tard, les Anciens précisèrent que les Centaures furent chassés de Thessalie et refoulés en Arcadie : ils perturbent d’abord les chercheurs dans les débuts du chemin, puis ensuite ceux qui en sont au stade de « l’endurance ». C’est en Arcadie qu’Héraclès les affronta durant son troisième travail. Mais ils ne furent pas tous décimés puisque le héros combattit encore le Centaure Nessos après les Travaux. C’est au sang de ce dernier mêlé à celui de l’Hydre qu’il devra finalement sa mort.
Certains auteurs ajoutent que dans ses dernières campagnes, Héraclès dut affronter les Lapithes à la demande d’Aigimios, fils de Doros « les dons ». En effet, lorsque la « psychisation » de l’être est réalisée, la « spiritualisation » doit faire place à la « transformation ».
Après le mariage, Thésée et Pirithoos participèrent à une grande aventure Panhéllenique, la chasse au sanglier de Calydon.
Toutefois, avant de considérer cette chasse, il nous faut étudier les derniers enfants d’Éole ainsi que la descendance d’Aéthlios, car nombre de personnages de ces lignées y participèrent.
Le sixième fils d’Éole : Périérès « le mouvement juste »
Nous avons étudié dans le tome précédent les cinq premiers enfants d’Éole et abordons ici le sixième, Périérès. Rappelons qu’ils illustrent les réalisations dans le mouvement d’ascension des plans de conscience dans le mental.
Comme pour Magnès et Aéthlios, il existe une certaine incertitude sur les filiations de Tyndare (père humain de Castor, Pollux, Hélène et Clytemnestre), Icarios, Apharée (père d’Idas et Lyncée) et Leucippos. Selon les auteurs, ils sont les enfants d’Oibalos ou Périérès, ou encore répartis entre les deux. Dans un passage de la Bibliothèque, Apollodore cite la version dans laquelle Périérès est un fils de Kynortès de la lignée de Spartes et le père de quatre fils, Tyndare, Icarios, Apharée et Leucippos. Selon l’historien Pausanias, Tyndare serait le fils du second mari de Gorgophoné, Oibalos, de la lignée de Spartes également.
Mais ces différentes variantes ne font qu’établir une correspondance entre ces deux personnages, Oibalos et Périérès, c’est-à-dire entre la réalisation et la théorie, Oibalos étant un descendant de la sixième Pléiade Taygète qui incarne le plan du « discernement intuitif » précédant le surmental.
Tous ces héros concernent donc des états très avancés et il importe peu en fait de déterminer s’ils appartiennent à l’une ou l’autre branche.
Selon Apollodore, Périérès « autour du mouvement juste », fils d’Éole, eut deux enfants de sa femme Gorgophoné « celle qui a tué la Gorgone (la peur) » : Apharée « celui qui est sans masque » et Leucippos « le vital purifié ». Il représente le chercheur qui, par la victoire sur la peur, réalise une pureté et une parfaite transparence vitales.
Les enfants d’Apharée : Idas et Lyncée
Apharée « celui qui ôte ses masques » n’est le héros principal d’aucun mythe. Il hérita de son père le royaume de Messénie. De sa femme Aréné « l’évolution du mouvement vrai », il eut deux fils : Idas « une vision d’ensemble » ou « celui qui travaille pour réaliser l’union en l’esprit », selon Homère « le plus fort des hommes de la terre – des hommes d’alors » et Lyncée « un discernement supérieur intuitif » ou « la vision dans le détail ». Ils représentent les plus hautes capacités du mental à la fois dans son élargissement et dans la précision du discernement. C’est le résultat d’une perception de la vérité par identité et d’un discernement opérant par l’intuition et non plus par la raison.
Ils interviennent dans les grandes épopées et dans un conflit avec leurs cousins Castor et Pollux où ils trouveront la mort, soit que le travail correspondant soit terminé, soit que lors des phases les plus avancées du yoga, les perceptions de cet ordre ne devront plus être mentales, mais physiques.
Idas et Marpessa
L’Iliade mentionne la rivalité d’Idas et d’Apollon dans la conquête de Marpessa.
Apollon avait enlevé Marpessa aux belles chevilles, (fille d’Euénos de la lignée d’Aéthlios) alors qu’Idas la convoitait. Ce dernier, après avoir menacé le dieu de son arc, emmena Marpessa qui lui donna une fille, Cléopâtre, la future femme de Méléagre.
Selon Apollodore, l’histoire se déroule un peu différemment.
Apollon voulait obtenir les faveurs de Marpessa mais Idas l’enleva sur un char ailé qu’il avait reçu de Poséidon. Son père Euénos, ne pouvant les rattraper, se jeta dans le fleuve après avoir égorgé ses chevaux. Idas se rendit en Messénie où Apollon voulut lui prendre Marpessa, mais Zeus intervint et laissa la jeune fille choisir. Elle opta pour Idas car elle craignait qu’Apollon ne l’abandonne la vieillesse venue.
Elle donna une fille à Idas, Cléopâtre, qui devint la femme de Méléagre.
Dans la voie de l’ascension des plans de conscience, Marpessa appartient à la lignée d’Aéthlios « la liberté intérieure » qui a pour fils Endymion « la conscience consacrée », le héros qui opte pour le sommeil éternel (le silence mental) sans être atteint ni par la mort ni par la vieillesse. Cette lignée se rapporte donc à un chercheur qui passe du « faire » à « l’agir » et travaille à la suppression de l’ego. C’est Athéna « le maître intérieur » qui par son action fait grandir Apollon « la vision du juste » et Artémis « l’acte juste », ainsi qu’Hermès « la Connaissance » : par ce processus, le « faire » qui dépend de l’ego devient progressivement « l’agir » qui résulte de la soumission de l’être au psychique.
Le nom Marpessa est d’origine obscure mais pourrait signifier « celle qui saisit, s’empare de ».
La lumière de l’être psychique (Apollon) voudrait bien entraîner le chercheur sur la voie de la psychisation mais ce dernier se dérobe, préférant la sécurité de la vision d’ensemble mentale (Idas) à la lumière psychique qu’il considère comme une perception incertaine du fait des perturbations de la nature inférieure non encore purifiée et transparente. Le subconscient se range du côté de cette sécurité (Poséidon soutient Idas contre Apollon).
Mais c’est finalement le supraconscient qui décide (Zeus laisse Marpessa choisir), car l’être psychique ne s’impose jamais.
Ce qui jusque-là constituait une « belle évolution » s’arrête après avoir sabordé les énergies qui le dynamisaient (Euénos tue ses chevaux et se suicide).
Les enfants de Leucippos : Hilaeira, Phoebé et Arsinoé
Leucippos « celui qui purifie totalement le vital » eut trois filles d’une femme non nommée : Hilaeira « la bienfaisante », Phoebé « la pure, la rayonnante » et Arsinoé « l’élévation de l’esprit ».
Dans le Catalogue des femmes, Arsinoé est la mère d’Asclépios (Esculape) par Apollon (au lieu de Coronis habituellement). Cette œuvre place donc la pratique de la juste guérison à un stade très avancé du chemin, bien au-delà des sommets de l’intellectualité (lorsque Coronis figure dans la branche de l’Halmos, fils de Sisyphe).
Les deux autres filles sont généralement à l’origine du conflit qui opposa les Dioscures à leurs cousins Idas et Lyncée.
Les filles d’Éole
Les cinq filles d’Éole « celui qui est toujours en mouvement » représentent des buts à atteindre dans la voie de l’ascension. Rappelons que leur mère est Énarété « ce par quoi on excelle ». Elles sont donc des symboles de réalisations à atteindre dans la voie de « la libération en l’esprit » obtenues en s’appuyant sur « ce par quoi on excelle », les dons particuliers de chacun.
Dans le Catalogue des femmes, seul le nom de trois d’entre elles est lisible sur le parchemin : Pisidicé, Alcyoné et Périmédé.
Apollodore compléta cette liste avec Calycé (ou Kaliké) et Canacé (ou Kanaké). L’appartenance de Calycé à la lignée d’Éole est cohérente, car elle est mentionnée comme la femme d’Aéthlios, mais celle de Canacé pourrait sembler douteuse car c’est la seule des filles d’Éole qui comporte dans sa descendance des symboles d’erreurs spirituelles majeures. Toutefois, comme la faute ne participe pas du mouvement initial mais apparaît avec l’irruption du subconscient, sa place nous semble ici justifiée.
Canacé, ses fils Aloéus et Triops (ou Triopas), et ses petits-enfants, Otos et Éphialtès
Canacé (dont le nom peut indiquer une ouverture de la conscience) s’unit à Poséidon et donna au dieu deux enfants notoires : Aloéus, père des Aloades, et Triops. C’est donc une impulsion subconsciente qui initie cette lignée.
Avec les lettres structurantes (ΛΩ), Aloéus représente un principe de liberté dans la matière. Il s’unit à Iphimédeia « une puissante volonté de domination », la fille de son frère, le lapithe Triops. Selon l’Odyssée, Aloéus est le père humain des Aloades – Otos et Éphialtès – tandis que Poséidon est leur père divin.
Otos qui « se considérait l’égal d’un dieu » représente avec les lettres structurantes « la plus haute conscience mentale tournée vers la matière ».
Éphialtès « celui qui oppresse » est « illustre au loin » (il cherche la gloire, la surhumanité).
Tous deux grandissaient de manière démesurée : dès neuf ans, ils avaient neuf coudées de large et neuf brasses de haut (quatre mètres de large et dix-sept de haut). Selon Homère, jamais la terre qui donne le blé n’avait encore nourri des hommes aussi grands et seul Orion eut plus noble beauté. Mais ils projetèrent d’empiler l’Ossa sur l’Olympe et sur l’Ossa le Pélion aux feuillages agités afin de monter à l’assaut du ciel. Ils y seraient parvenus s’ils avaient atteint l’âge d’homme. Mais Apollon les détruisit.
Cette fable traite d’un mouvement juste au départ, car Homère évoque la « grande beauté » des Aloades. (Le nom Canacé est obscur et semble indiquer une ouverture de conscience). Mais l’intervention croissante du subconscient (Poséidon) va conduire à une déviance majeure qui a la particularité de se développer à une vitesse prodigieuse.
La quête est celle de la liberté dans l’incarnation représentée par Aloéus, et donc initialement une base juste. Mais le chercheur insuffisamment purifié prend pour but une « forte volonté de domination » (Iphimédie), peut-être résultant d’un accomplissement dans les trois aspects de la nature inférieure, mental, vital et corps (Triopas).
Il se produit alors une inversion des valeurs dont l’image est la volonté des Aloades de monter à l’assaut du ciel par un empilement des montagnes sacrées à l’inverse de l’évolution.
En effet, l’ordre naturel suppose que le chercheur commence par faire l’ascension du Pélion, puis de l’Ossa et enfin de l’Olympe.
L’ascension du mont Pélion implique que la conscience émerge de la confusion ordinaire du monde vital agité et « boueux ». Nombre d’aventures des débuts de la quête se déroulent autour de ce mont.
Puis le chercheur doit s’aventurer sur le mont Ossa, situé également en Thessalie, afin d’entendre « la voix des dieux ». Avec les lettres structurantes, c’est le mont de l’accomplissement humain en poursuivant l’ascension des plans du mental.
Enfin, l’Olympe est le séjour des dieux : le plan du surmental, le lieu de la libération et de la non-dualité en l’esprit.
Les Aloades ont donc voulu conquérir l’Absolu en hissant la plus haute conscience mentale au-dessus de la conscience spirituelle, puis en la couronnant par une conscience encore plus étroite.
Cette déviance peut se produire à différents stades du chemin. Mais si l’on considère que Triopas est un Lapithe, frère de Périphas et grand-père d’Ixion, ou encore que la mère des Aloades, Iphimédeia, est reliée à la lignée Lapithe par ce même Triopas, elle concerne aussi des chercheurs très avancés qui refusent tout idéalisme et nient toute transcendance, se considérant eux-mêmes « comme des dieux ».
Il se produit alors une inflation de l’ego très rapide. Le chercheur développe une volonté de puissance (Éphialtès « le pouvoir qui oppresse »), celui de l’homme puissant mentalement qui assoit sa domination en utilisant le vital. C’est le risque de la résurgence de « l’Asura » (la manifestation d’une puissance mentale opposée à la Vérité).
Le mythe attire l’attention sur le fait qu’un tel mouvement, dans un homme ou dans l’humanité, peut se développer avec une vitesse surprenante. (On sait comment le nazisme s’appropria la pensée de Nietzsche. Si l’on poursuit la comparaison avec l’œuvre de cet auteur, Iphimédeia peut être identifiée à la « volonté de puissance », et l’on peut remarquer que le surhomme de Nietzsche semble être par nature, lui aussi, égal au Divin.)
Si Ixion représentait l’erreur de la fuite dans l’esprit qui génère l’orgueil spirituel, les Aloades, petits-fils de Canacé, représentent donc « le déni matérialiste » qui rejette toutes les formes de transcendance et risque d’entraîner le chercheur à s’imaginer tout-puissant dans la matière. Seule une émanation de la lumière de Vérité, Apollon, pouvait interrompre ce mouvement.
Dans la version d’Apollodore, Otos et Éphialtès cherchèrent respectivement à courtiser les déesses Artémis et Héra. Artémis fit en sorte qu’ils se tuent l’un l’autre à coups de lances. C’est-à-dire que l’être ainsi « dominé » par des forces d’ombre prétend à une forme de pureté et à la justesse de son mouvement dans l’évolution. La force psychique d’intégrité fait en sorte que ce mouvement d’orgueil se détruise lui-même.
Dans un autre passage d’Homère, les Aloades lièrent Arès et l’enfermèrent dans une jarre de bronze pendant treize mois. Hermès qui fut informé de cette réclusion par la très belle Ériboia (la marâtre des Aloades) vint au secours d’Arès qui était épuisé et le libéra : lorsque cette puissance pervertie entre en action, elle bloque toute action exacte et transformatrice pendant une longue période. Arès est en effet le dieu qui tranche selon « le juste » et son action aurait entraîné la fin des Aloades.
Seule une action issue du surmental put alors remettre de l’ordre, « informée » par une puissante conscience incarnée en vérité ou une puissante lumière surmentale (Hermès, informé par Ériboia qui était très belle, libéra Arès).
Canacé eut un second fils, Triopas, le père d’Érysichton, qui fut affligé par Déméter d’une faim dévorante que rien ne pouvait arrêter. Il avait voulu en effet abattre des arbres dans un bois sacré consacré à la déesse malgré les avertissements de celle-ci. Après avoir dévoré tout ce qui se trouvait dans la maison de son père, il en fut réduit à mendier aux carrefours.
Nous avons déjà vu le mythe correspondant lors de l’étude de Déméter (Tome 1 Chapitre 2). Il fustige la tendance de l’ego à utiliser des forces vitales sacrées destinées à l’union (consacrées à Déméter) à ses propres fins de glorification (pour la construction de son palais). Le chercheur est averti intérieurement que ces forces ne peuvent être utilisées que par celui qui a acquis la maîtrise vitale, mais il se maintient dans l’erreur, et rien ne peut désormais combler en lui le sentiment d’un vide terrible.
Alcyoné
Nous avons déjà rencontré Alcyoné « une puissante évolution » qui s’unit à Céyx « une conscience qui s’ouvre à ce qui descend », le fils d’Éosphoros « le porteur de la lumière naissante ».
Céyx était uni à Alcyoné, l’une des filles d’Éole. Ils se donnaient l’un à l’autre les noms de Zeus et d’Héra, ce qui provoqua la colère du roi des dieux qui les changea en oiseaux.
Par manque d’éléments, il est assez difficile de déterminer à quelle étape du chemin appartient ce mythe. Toutefois, comme les filles d’Éole concernent des buts dans la voie de l’ascension, il est probable qu’il s’agisse d’un stade avancé. Ce qui serait confirmé par le fait que Céyx est le fils d’Éosphoros « le porteur de la lumière naissante ».
Mû par la lumière naissante, le chercheur prend pour but une puissante évolution (Alcyoné) qui le fait surestimer son degré d’avancement, croyant être parvenu au surmental. Il est alors réorienté par le supraconscient vers un travail sur le vital mental, afin de le purifier de toute intrusion vitale (Alcyoné et Céyx sont changés, elle en alcyon et lui en foulque, oiseaux qui font leur nid à la limite des vagues).
Pisidicé
Nous avons également peu d’éléments en ce qui concerne cette héroïne.
Pisidicé « celle qui est persuadée d’agir de la juste manière » est unie à Myrmidon, un travail de « fourmi » : elle représente le but de celui qui se concentre sur les infimes mouvements de la conscience et les petits détails de l’existence qui passent d’ordinaire inaperçus. (Ce travail sur l’infime et sur ce qui semble sans importance est longuement développé dans l’Agenda de Mère)
Pisidicé eut deux fils, Antiphos « l’humilité » et Actor « le mouvement qui dirige l’être », et selon certains, une fille Eupolémie « celle qui se bat bien ». Avec Hermès, elle engendra Aithalidès « des flammèches ». Celui-ci reçut de son père la faveur que sa « psyché » passe une partie de son temps sur la terre, et l’autre dans l’Hadès, ce qui laisserait entendre que le surmental favorise la présence du psychique une partie du temps dans l’inconscient corporel.
Périmédé
Les deux dernières filles d’Éole, Périmédé et Calycé, interviennent dans la lignée d’Aéthlios, l’ancêtre de Léda et d’Oineus (Œnée), auquel nous nous intéresserons plus loin.
Périmédé « tout ce qui concerne la maîtrise » s’unit au fleuve Achéloos « qui accomplit la libération ». Ce dernier courant de conscience est lié ici au travail de maîtrise du vital, car cette union donna Hippodamas « celui qui œuvre à la maîtrise du vital ». Cette maîtrise ouvre la porte à la joie divine, l’Ananda (Hippodamas est le grand père d’Œnée « le vigneron, celui qui travaille en vue de l’ivresse divine »).
L’Achéloos est considéré comme le plus ancien fleuve de Grèce, c’est-à-dire comme le premier mouvement nécessaire sur le chemin. Il permet la conquête du « détachement ». C’est lui en effet qu’Héraclès combattit pour obtenir la main de Déjanire « celle qui a tué l’attachement », et lui encore qui offrit l’hospitalité à Thésée lorsque celui-ci revenait de la chasse au sanglier de Calydon, période qui correspond au nettoyage et à la maîtrise des énergies vitales de base.
Achéloos et Périmédé eurent un autre fils, un Oreste homonyme « la rectitude dans l’ascension (sur la montagne) » à ne pas confondre avec le fils d’Agamemnon.
Calycé (Kaliké)
Calycé « bouton de fleur » ou « bourgeon » est l’image d’un épanouissement proche de l’être psychique. Elle s’unit à Aéthlios dont l’étude suit.