Comme sixième travail, Eurysthée demanda à Héraclès de chasser les oiseaux du lac Stymphale situé au nord-est de l’Arcadie. Ces oiseaux présentent les perturbateurs mentaux qui doivent être éliminés en vue de la réalisation d’un certain calme mental.
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Héraclès chassant les oiseaux du lac Stymphale – British Museum
Ces oiseraux résidaient en grande quantité dans les épaisses forêts qui bordaient les rives du lac. Apollodore ajoute que l’épaisse forêt leur servait de refuge car ils craignaient d’être la proie des loups.
Le héros les éloigna avec une crécelle en bronze fabriquée par Héphaïstos et qui lui fut donnée par Athéna. Se plaçant sur le haut de la montagne voisine, il effraya les oiseaux qui quittèrent le couvert de la forêt.
Certains auteurs ajoutent que le héros les tua de ses flèches.
Ce travail se situe en Arcadie, province symbolique de « l’endurance » dans le yoga qui conduit vers la réalisation de « l’égalité ». L’extrême nord-est représente une étape très avancée dans cette réalisation.
Dans les versions primitives, le problème que ces oiseaux-pensées semblaient poser était seulement dû à leur nombre. Pour d’autres auteurs, la difficulté consistait surtout à les faire sortir de la forêt touffue, c’est-à-dire à en devenir conscient.
Pour certains, il ne s’agissait que de les chasser, pour d’autres, il fallait également les tuer.
Les oiseaux représentent les pensées, mais ne sont concernées ici que celles qui sont étroitement amalgamées au vital, lequel est symbolisé ici par les épaisses forêts en bordure du lac Stymphale. Il ne s’agit donc ni de l’intellect, ni du mental vital, mais de la couche du mental physique humain qui s’appuie sur le mental sensoriel animal. Ce dernier, encore présent en l’homme même s’il a été en grande partie maîtrisé au cours des millénaires, a accompagné le développement de la vie animale, lui permettant d’organiser l’expérience des sens sur la base de la dualité plaisir/douleur. Il se compose d’une partie réceptrice et d’une autre dynamique qui s’exprime par une capacité de réponse automatique. C’est un mental souvent obsessionnel qui tourne en rond et répète, s’occupe de futilités et forme la base des habitudes.
Si le travail de l’Hydre concernait principalement la libération du désir et la purification du mental émotif, celui des Oiseaux vise ultimement à extraire la racine de la dualité dans le mental physique qui s’appuie sur ce mental sensoriel.
Dans les textes primitifs, il ne s’agissait que de chasser ces oiseaux-pensées, c’est-à-dire de séparer les sensations pures des processus mentaux automatiques qui s’y sont agglutinés, de se libérer du processus automatique d’identification (ou accrochage) et de réponse aux stimulations des sens. Pour d’autres auteurs plus tardifs, Héraclès devait les tuer de ses flèches, c’est-à-dire entreprendre une action plus déterminée en vue d’acquérir un silence mental plus étendu.
Dans tous les cas, il s’agit de parvenir à retrouver la Volonté pure qui est expression de l’âme (par la séparation du mental et du vital, laquelle est une purification).
Il ne s’agit pas ici des oiseaux chassés par les Argonautes lors de la quête de la Toison d’or, aux plumes acérées comme des flèches qu’ils projettent vers les hommes. Cette quête se situant dans les débuts du chemin, il s’agit alors des pensées destructrices, celles qui jugent ou véhiculent haine, mépris, etc.
Les forêts « refuge des oiseaux qui craignaient d’être la proie des loups » font référence à toutes les pensées qui ont été rejetées du mental conscient et se sont réfugiées dans ce mental sensoriel attaché au plaisir et à la douleur, et qui refusent la lumière.
Pour certains auteurs, afin de faire sortir les oiseaux du bois, Héraclès dut avoir recours à des crécelles, instruments qui génèrent des sons répétitifs : le chercheur peut donc utiliser des « mantras ». Ce sont des mots ou de courtes phrases porteurs d’une énergie supérieure et qui doivent être répétés dans un état de concentration particulier. Dans le cas présent, ils doivent être récités aussi souvent que possible pour calmer ce mental indiscipliné et souvent rétif à toute forme de pression de l’intelligence.
L’utilisation du mantra est universelle, aussi bien dans les voies initiatiques que dans les religions. Pour n’en citer que quelques-uns : Aum, Amen, la Gayatri, la Prière du cœur de la religion orthodoxe, les innombrables mantras de l’Inde, les diverses prières universelles, etc. Son utilisation, quoique jamais réellement contestée par aucune voie, a toujours été accompagnée d’enseignements individualisés. Traditionnellement, il est délivré par le maître qui est censé connaître la puissance des sons ainsi que leurs effets. C’est pourquoi c’est Athéna, guide et protectrice du yoga, qui donna la crécelle. Et c’est Héphaïstos, le dieu qui crée les formes, qui la façonne. Le mantra est ainsi adapté aux difficultés et à la nature du disciple.