OCÉANOS : LES DIEUX-FLEUVES SCAMANDRE ET ACHÉLOOS ET LES OCÉANIDES

Dans la descendance d’Océanos figurent les Océanides et les grands fleuves tels le Scamandre et l’Achéloos.

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Héraclès combattant le fleuve Achéloos pour Déjanire

Héraclès combattant le fleuve Achéloos pour Déjanire – Musée du Louvre

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Tandis que la descendance du couple Japet-Clymène représente les efforts dans « l’ascension des plans de conscience », celle d’Océanos-Thétis décrit l’évolution selon la nature, dans l’incarnation. Elle implique tout à la fois une « purification » des plans inférieurs (des déformations issues de l’ignorance et des mélanges de fonctions) et une « libération » des éléments qui furent nécessaires à leur construction mais doivent progressivement être ensuite éliminés (les attachements, les désirs, l’ego). C’est pour cette raison qu’« Océanos coule vers sa source » : le processus de purification/libération doit se poursuivre jusqu’à l’origine de l’évolution.

Les Anciens y ont fait figurer les courants de conscience-énergie qui soutiennent cette évolution.
S’y déploient donc :

–  « les Océanides » ou « Océanines », forces supports de l’évolution selon la nature, infinies modalités de manifestation de l’Absolu dans la création. Elles sont plus de trois mille selon Hésiode, chiffre de l’Absolu (trois) au plus haut niveau (mille).
Avec les fleuves et Apollon, elles aident à élever les jeunes gens. Elles sont donc des aides ou supports pour les chercheurs qui se sont engagés sur le chemin.
Représentées comme de belles jeunes filles, elles furent associées à tort aux Nymphes esprits de la nature (Dryades, Naïades, Oréades, etc.) bien que ni Homère ni Hésiode ne les aient classées dans cette catégorie.

– « les fleuves » décrivant les grandes orientations du travail à effectuer. À travers leur descendance sont exposés les enseignements et les expériences qui accompagnent les différents chemins d’évolution selon la nature. Parmi les plus importants :
dans la descendance du fleuve Inachos « la progression de la concentration », réputé comme le plus ancien des fleuves d’Argolide et origine de la lignée des Inachides, on trouve les processus de purification et de libération, préalables à toute évolution future.
dans la descendance des fleuves Pénée et Asopos, origines des lignées Lapithe et Asopide, figurent les expériences des chercheurs les plus avancés.

Selon Hésiode, il y a tout autant de fleuves que d’Océanides, c’est-à-dire autant de chemins vers l’Absolu que d’êtres humains.

Le nom Océanos (Κ+Ν) représente « une expansion de la conscience selon le processus évolutif de la nature ». La lettre oméga en début de mot, laisse entendre que les phases de cette évolution commencent toujours dans le corps.
Sa partenaire, la Titanide Téthys (Τ+Θ), semble indiquer une évolution dans la « profondeur » de l’être, alors que le couple Japet-Clymène œuvre vers les hauteurs. (Il ne faut pas la confondre avec Thétis (Θ+Τ), fille de Nérée et mère d’Achille.)

Hésiode décrit Océanos comme un « courant entourant la terre de tous côtés », formant ainsi un double éthérique du corps, « source de toutes les eaux, douces et salées ». De même que ce courant se divise en une quantité illimitée de fleuves et de rivières, le corps est parcouru par d’innombrables courants d’énergie.
Dans plusieurs passages de l’Iliade, Océanos est à l’origine de tous les autres dieux, et donc des courants de conscience-énergie qui tous puisent à la même source. (Rappelons qu’il ne doit pas être confondu avec Pontos, ce dernier symbolisant les phases de croissance dans le plan vital.)

Les fleuves sont présents dans les histoires des héros selon les nécessités de l’évolution. Issus directement de la génération des Titans, ils ont rang de dieux.

Les Océanides

Du côté féminin, une multitude d’Océanides compose « la race sacrée des jeunes filles qui, par toute la terre, mènent les jeunes gens à l’âge d’homme », des jeunes filles « aux fines chevilles qui partout disséminées sur la terre et dans les profondeurs de l’onde, exercent en tout lieu même surveillance, enfants splendides entre toutes les déesses ».
Leurs noms signifient « celles qui sont recouvertes, voilées » : ce sont des forces partout agissantes (sur terre et dans l’onde : dans le vital et le mental), mais à l’insu de l’homme.
Déesses de même rang que les dieux de l’Olympe, elles sont immortelles (participent de la non-dualité). Elles agissent dans l’humanité avec une extrême souplesse et délicatesse (aux fines chevilles) : le Divin œuvre en chacun et à chaque instant pour le meilleur de son évolution, avec les plus grandes précautions.
Ce sont elles qui dirigent les mouvements du yoga (les jeunes gens) jusqu’à leur maturité, jusqu’à ce que le chercheur suive sa propre méthode de yoga.

Hésiode mentionne quarante et une d’entre elles, mais l’Hymne homérique à Déméter n’en compte que vingt et une. Certains auteurs, insistant sur une aide particulière dans un moment précis de la quête, en ont ajouté quelques autres.

Les dieux-fleuves

Si les Océanides sont des forces qui soutiennent l’évolution, les innombrables « fleuves tourbillonnants (tournoyants) », représentent les processus évolutifs ou apprentissages conscients (de mouvements qui existent déjà dans la nature). En dehors de l’image de centres d’énergie, peut-être peut-on voir dans les « tourbillons » le fait que les difficultés se représentent encore et encore jusqu’à ce qu’elles soient résolues.

Seuls quelques dieux-fleuves ont une importance majeure, les autres n’intervenant dans les histoires des héros que de façon ponctuelle. Les deux plus grands, l’Inachos et l’Asopos, rassemblent dans leur descendance la quasi-totalité des mythes que nous avons classés dans le processus de purification et de libération. Ils ne sont mentionnés ni par Hésiode ni par Homère mais figurent dès le milieu du 5ème siècle avant J.-C. dans les œuvres d’Eschyle et de Pindare.

L’Inachos

Le dieu-fleuve Inachos (Ν+Χ) est le symbole de « l’évolution du rassemblement de la conscience » ou celui de « l’évolution de la concentration » ou encore de « l’évolution vers le vide, vers l’abolition de l’ego », selon la valeur donnée au Khi. Ce peut être aussi l’image d’une « souffrance (εν+αχος) » laquelle est bien souvent l’élément déclencheur de la quête.
C’est le grand fleuve d’Argolide, la patrie des « lumineux (argiens) » et donc des « chercheurs de vérité ».
Sa descendance regroupe l’essentiel des enseignements et des expériences de cette voie d’incarnation. Les toutes premières générations évoquent également les réalisations spirituelles des civilisations précédentes.

Selon les auteurs, il est soit le père d’Io « l’ouverture de la conscience dans l’incarnation » soit l’un de ses ancêtres. Les générations intercalées dans cette dernière version avaient pour objet, soit d’introduire les Argiens et de faciliter la compréhension (Phoronée « celui qui est porté par l’évolution », Niobé « l’incarnation de la conscience », appelée « la mère de tous les Vivants » car elle incarne la première expérience du chercheur que « ça existe », et Argos « le lumineux ») soit de rendre cohérent le nombre de générations dans les lignées.
À partir d’Io, les sources convergent. On trouve successivement son fils Épaphos, le « toucher de l’Absolu », premier contact du chercheur avec son être psychique, puis les deux jumeaux Agénor et Bélos dont la descendance décrit les enseignements théoriques et pratiques de la « purification » et de la « libération ».

La branche d’Agénor (la purification) se divise à son tour en deux sous-branches. Celle de Cadmos ouvre la lignée royale de Thèbes dont l’objet sera le chemin de reconquête de l’harmonie divine et d’universalisation des centres d’énergie. Celle d’Europe, en Crète, est en rapport avec l’ouverture de la conscience et l’évolution du discernement, et traite des risques associés « d’auto-enfermement » dans les structures mentales à la suite d’expériences majeures (le Minotaure).

La branche de Bélos expose les enseignements théoriques en vue de la « purification » et de la « libération », notamment la victoire sur la peur (Persée) et les travaux d’Héraclès.

Le Penée

Son nom évoque une stabilisation de l’évolution qui implique un chemin d’incarnation (suivant le nom de son épouse, Creuse). Sa lignée traite du manque de purification du vital profond (les Centaures) et de différentes formes d’orgueil spirituel (Ixion, les Molionides et les Aloades) lorsque le chercheur croit être parvenu au plus haut niveau du surmental.
Figure dans cette lignée l’ami de Thésée, Pirithoos « celui qui expérimente rapidement », expression du chercheur qui intègre rapidement les expériences de la vie sans qu’elles aient à être renouvelées et ne s’attarde pas dans les situations non évolutives.

L’Asopos

Avec lui le chercheur quitte les paysages familiers de la quête et s’aventure dans le « bourbier » des mémoires vitales et physiques. Ce fleuve est l’ancêtre du grand Ajax « la conscience supérieure » et d’Achille, le roi des Myrmidons « roi des fourmis », celui qui s’occupe vraiment des « tous petits détails » auxquels on n’attache d’ordinaire aucune importance, et sans l’intervention duquel la guerre de Troie n’aurait jamais pu être gagnée par les Grecs.

L’Achéloos

C’est l’aîné des fils d’Océanos et donc le plus ancien processus d’apprentissage évolutif. Il est aussi « le plus grand fleuve de Grèce », soit l’ascèse la plus répandue. Il créa les îles Échinades : il est à l’origine de la « concentration ». Ce fleuve aux tourbillons d’argent coule en Étolie où se trouve la ville de Calydon : il est donc associé au combat pour la maîtrise des énergies vitales archaïques.
Héraclès dut le défier à la lutte car il prétendait aussi contracter une union avec Déjanire, « le détachement ». Pour cela, le fleuve avait pris la forme d’un taureau « le pouvoir de réalisation dans le mental lumineux ». C’est donc un courant de conscience qui peut se manifester sous différents aspects.
Il est le père des Sirènes, (qu’il eut d’une certaine Stéropé, nom homonyme du plan du mental supérieur) symboles des différents paliers mentaux de « ravissement » que le chercheur peut atteindre au cours de la quête et dont il doit s’éloigner rapidement s’il veut poursuivre le chemin (les Sirènes de la mythologie grecque sont des oiseaux à tête de femme.)
C’est donc le symbole d’une ascèse en vue du « détachement », de la libération sur le plan vital.

Le « divin » Scamandre

C’est le fleuve majeur de la plaine de Troie, que les hommes appellent Scamandre « l’homme (partiellement) réceptif » et les dieux le Xanthe « jaune-doré » : les hommes le considèrent sur le plan mental tandis que les dieux le « voient » selon la couleur de sa vibration. De lui jaillissent deux sources, l’une chaude, l’autre froide : il est le non-duel d’où jaillit la dualité (au niveau solaire de Tiphereth dans l’Arbre de la Kabbale). Il coule dans la plaine de Troie dont les héros appartiennent au mental illuminé, plan de la non-dualité mentale, mais dans lequel l’ego se maintient dans les couches profondes. C’est seulement dans le surmental, plan de toutes les possibilités, que l’ego disparaît totalement. Le Scamandre prend sa source dans l’Ida, la montagne de l’union.