L’union de Jason et Médée

 

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Puis les héros arrivèrent dans une île vaste et fertile habitée par les Phéaciens dont le roi était Alkinoos. Ils y furent très bien accueillis.

Drépané (« la Serpe ») est le nom que portait la nourrice de ce peuple. L’armée des Colques, qui avait continué la poursuite afin de ramener Médée chez son père, apparut au même moment et menaça d’engager la guerre.

Médée implora la reine Arété, femme du roi Alkinoos : sans nier sa faute, elle justifiait sa fuite par la peur, et non du fait de son désir pour Jason, jurant qu’elle était encore vierge. Les Argonautes, qu’elle avait aidés et ramenés sain et saufs en leur patrie, semblaient indifférents à son sort. Aussi leur demandait-elle instamment de tenir leur promesse.

Ayant écouté le plaidoyer de sa femme en faveur de Médée, le roi prononça l’arrêt suivant : si Médée était vierge, elle serait rendue à son père. Dans le cas contraire, elle resterait avec Jason.

Les Argonautes furent prévenus en secret par la reine de cette décision et s’empressèrent de préparer la couche nuptiale qu’ils revêtirent de  la Toison d’Or. Jason et Médée goûtèrent alors aux joies de l’amour.

Les Colques respectèrent la décision d’Alkinoos et Médée resta donc auprès de Jason.

Mais ils craignaient la colère de leur roi Aiétès et demandèrent donc à s’installer chez les Phéaciens, ce qui leur fut accordé. Ils restèrent là de longues années jusqu’à ce que les Bacchiades prennent leur place. Mais cela, nous dit Apollonios, arriva bien plus tard dans le cours des siècles.

 

La mystérieuse Phéacie que nous retrouverons dans le voyage d’Ulysse est le symbole d’une transition« mystérieuse» dans la conscience qui permet le passage vers un état supérieur mais d’une façon que le chercheur ignore, supraconsciente.

Apollonios en donne une clef qui n’explique rien, en nommant ce qui « nourrit » ce passage Drépané « la Serpe », c’est-à-dire un renversement de conscience.

Ce processus est actif jusque dans le yoga du corps.

Selon Apollonios, les Phéaciens naquirent de l’écume qui se forma autour du sexe d’Ouranos tranché par Cronos et lancé dans le flot marin : de même origine qu’Aphrodite, ils seraient donc des manifestations de la fécondation de la vie par le pouvoir créateur de l’Esprit. Avec les lettres structurantes, Phaiax indique « une conscience lumineuse en haut comme en bas » (ou peut-être « le rayonnement de la descente progressive de l’Esprit à travers les plans de conscience »).

Le roi de Phéacie, Alkinoos, est le symbole du travail d’une « force d’âme », d’un « esprit puissant » appliqué à « ce par quoi il excelle », selon le nom de sa femme Arété, œuvrant dans le cadre d’une identité de l’Esprit et de la Matière (Φ+Ι+Ξ).

C’est là – dans ce travail – que vont se fixer pour une longue période les éléments appartenant au domaine de l’âme induits par le développement de la sensibilité (les Colques sont des sujets d’Aiétès) en attendant que le chercheur ne soit envahi par « les joies de l’extase de la voie ensoleillée » (jusqu’à l’arrivée des Bacchiades assimilés aux descendants des Bacchantes), ce qui, comme le dit Apollonios, doit advenir beaucoup plus loin sur le chemin.

 

À l’arrivée dans cette île des Phéaciens, l’union de Médée et de Jason fut consommée afin que les fruits du développement de la sensibilité/conscience puissent être conservés, sinon l’aide pour la réalisation de la tâche aurait été ajournée  (Médée aurait dû retourner chez son père) : le chercheur prend ainsi une décision intérieure irrévocable afin d’accomplir son but de vie.

C’est donc pour lui le début de la consécration à sa tâche, à son vrai but de vie.

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